Albert Kahn patron de presse
Pour éditer ces publications, Kahn installe sa propre imprimerie rue du Port. L’ensemble finit par représenter 336 volumes de 300 pages.
Dans sa deuxième incarnation d’après-guerre, le Cnesp conserve pour finalité d’éclairer l’élite française par des regards contrastés sur les grands sujets d’actualité. Mais le vecteur diffère, prenant un tour journalistique, précurseur d’un genre encore en gestation à l’époque, en dehors des grandes agences comme Havas ou Reuter : la revue de presse.
Pas moins de 10 titres avec 2 suppléments, à périodicités diverses, naissent de 1918 à 1929. Certains sont généralistes comme Les Réalités, d’autres spécialisés comme Les Faits sociaux et ouvriers ou le supplément de La Journée planétaire consacré à la presse africaine.
Les uns compilent sans aucune annotation (« Manchettes principales des journaux principaux des pays principaux »), tandis que d’autres commentent par un préambule (L’Orientation nouvelle), ou s’essaient à la prospective (Les Possibilités).
L’activité investit l’hôtel particulier d’Albert Kahn, qui s’y implique en personne quotidiennement : réveillé vers 5 heures, il dépouille 20 à 30 journaux, les annote, choisit l’événement du jour, s’empare des parutions du soir qu’il a traitées la veille. Il surgit alors en robe de chambre, vers 7 h 30, dans le salon attenant à sa chambre devenu salle de rédaction. Là, il tient une conférence de presse avec une douzaine de collaborateurs, représentant diverses tendances. « L’on travaillait sous les directives bourrues, hallucinantes, parfois géniales et prophétiques, parfois burlesques d’Albert Kahn (André Arnyvelde, écrivain) ».