Entre nature et culture : l’architecture de Kengo Kuma
Le nouveau bâtiment dessiné par l’architecte Kengo Kuma s’inspire de la relation particulière d’Albert Kahn avec le Japon : le projet architectural met en scène le rapport du dehors et du dedans, de la ville, du musée et du jardin. Ce lien entre culture et nature apprivoisée, Kengo Kuma en fait le cœur de son projet d’extension du musée et de la recomposition des quatre bâtiments patrimoniaux qui ponctuent le parcours de la visite.
À l’extérieur, la façade sur rue est une enceinte qui protège et révèle à la fois le nouveau musée. L’enveloppe de pliures métalliques dissimule au regard l’écrin végétal intérieur ; la nuit, elle laisse apparaître entre les lames laquées les lumières du musée, comme une lanterne. Une fois passée l’entrée à pans inclinés, le vocabulaire architectural change, avec un jeu d’écrans, de résilles de lattes de pin et d’aluminium, de passerelles qui rythment la façade intérieure et la relie au jardin.
À l’intérieur, chaque ouverture est un cadrage, le regard traverse les hautes parois vitrées et se plonge déjà dans la prairie douce du jardin anglais. Des lignes longitudinales dynamiques se répondent, des lattes du plancher aux gradins, jusqu’au plafond à lamelles de bois infinies, renforcées par des effets miroir.
Le projet de rénovation en chiffres |
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Une architecture inspirée de l'engawa
Le projet instaure un dialogue entre bâtiment et jardin au travers d’un élément emprunté à l’architecture traditionnelle japonaise : l’engawa, espace limitrophe entre intérieur et extérieur. La réinterprétation de cet élément qui se développe sur l’ensemble des bâtiments rénovés permet de tisser un lien entre les différents éléments du site et de forger une identité, une cohérence, à l’ensemble. L’écho sériel des matériaux – bois, bambou, métal – dans chacun des espaces renforce encore cette cohérence d’ensemble.
Kengo Kuma
Né en 1954 à Yokohama, Kengo Kuma suit des études d’architecte et d’ingénieur à l’université de Tokyo, où il obtient son diplôme en 1979 et enseigne encore aujourd’hui. En 1990, il fonde son cabinet d’architecture, Kengo Kuma & Associates. En 1997, il gagne le prestigieux prix de l’Institut architectural du Japon. Son œuvre se présente avant tout comme une critique des académismes, des formalismes et de toute complaisance au style et à la mode.
Seul architecte figurant dans la liste Time Magazine des 100 personnes les plus influentes au monde, Kengo Kuma a notamment dessiné le stade olympique de Tokyo 2020 et le Victoria & Albert Museum de Dundee (Écosse). En France, il a signé le Frac de Marseille, le Conservatoire de musique et de danse d’Aix-en-Provence, et la future station de métro Saint-Denis-Pleyel.
Kengo Kuma œuvre constamment à intégrer de façon harmonieuse ses projets dans leur environnement et leur contexte culturel. Son travail se définit comme une synthèse entre Orient et Occident, cherchant à réactualiser, dans une société post-industrielle, des techniques traditionnelles et à proposer une approche architecturale à échelle humaine.