Festival Mondes en commun

Poursuivre l'inventaire d'Albert Kahn

Le festival photographique Mondes en Commun, poursuivre l’inventaire d’Albert Kahn vous propose de découvrir 11 photographes réunis autour d’une même thématique : l’inventaire visuel et ses déclinaisons présentes dans les collections du musée : géographie humaine, diversité culturelle, traditions populaires, costume ou encore patrimoine. Il se tiendra du 1er juin au 22 septembre

Les artistes présentés

Thierry Ardouin
Histoire de graines 2009-2019 photographie numérique

 

Histoires de graines débute en 2009 par la découverte du catalogue Officiel des Espèces et variétés des plantes cultivées. Thierry Ardouin collabore par la suite avec la séminothèque (graineterie) du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, qui lui fournit la majorité des quelques 500 spécimens constituant son inventaire photographique. Pour chaque “portrait de graine”, il utilise une loupe macroscopique binoculaire qui révèle des couleurs et des formes insoupçonnées, étrangement fonctionnelles et poétiques.

 

BIO :

Thierry Ardouin, né en 1961, est co-fondateur du collectif Tendance Floue. Il s'intéresse depuis ses débuts dans la photographie aux relations de l'homme à son environnement.

Daniel Meadows
The free photographic omnibus, 1973-1974/Now and then (date ?), technique ?

 

Dès 1916, les invités d’Albert Kahn à Boulogne sont immortalisés par des portraits posés sur fond de rideau vert. Les modèles sont des proches ou collaborateurs du banquier, des responsables politiques ou militaires, des artistes, des intellectuels. 
Près de six décennies plus tard, c’est un portrait de la société britannique que dresse Daniel Meadows, alors âgé de 21 ans, au volant du Free Photographic Omnibus, un bus reconverti en logement, galerie et chambre noire.
Dans les années 1990, il y ajoute un nouveau chapitre en photographiant à nouveau certains de ses modèles d’alors, retrouvés par petites annonces pour la série National Portraits : Now & Then.

 

BIO :

Né en 1952 dans le sud-ouest de l’Angleterre et diplômé en art de l’Université de Manchester, Daniel Meadows mène depuis 50 ans une activité de photographe, documentariste, enseignant et « conteur numérique ».

Anais Tondeur
Tchernobyl Herbarium, 2013-en cours, rayogramme ?

 

Le monde végétal est pour Albert Kahn une source de ravissement et de curiosité, qu’il met en scène dans ses jardins où cohabitent des essences du monde entier, qu’il recherche dans les expérimentations micro-cinématographiques du biologiste Jean Comandon dont les films déforment tout autant qu’ils soulignent les rythmes de vie et la force de croissance des plantes. La pratique d’Anaïs Tondeur traque elle aussi l’invisible dans la matière même des images. Pour Tchernobyl Herbarium, elle photographie, année après année depuis 2011, les végétaux cultivés dans la zone d’exclusion de Tchernobyl par l’équipe du bio-généticien Martin Hajduch qui y étudie l’impact de la radioactivité. 

 

BIO :

Née en 1985, diplômée du Royal College of Arts de Londres, Anaïs Tondeur travaille avec des géologues, physiciens, philosophes du vivant et anthropologues, dans des environnements en mutation, portant une attention renouvelée aux formes du vivant. 

 

 

 

 

Antonio Jimenez Saiz
Felix 2009-en cours


« Travailleurs, chômez le 1er mai !», « La femme doit voter » mais aussi « Printemps, soldes d’été » ou « Moulin Rouge : cache ton nu !» : les villes des Archives de la Planète sont couvertes d’affiches et de slogans, graves ou cocasses. A défaut d’oreilles, leurs murs ont des voix. C’est sur un registre plus décalé que se situe le projet Félix débuté il y a quinze ans par Antonio Jimenez Saiz et qui réunit aujourd’hui plus de quatre cents clichés d’affichettes de chats perdus à Bruxelles. 
Cet inventaire singulier explore alors la fatalité de l’effacement, celle de l’image – ces déchirants appels à l’aide disparaissent sous l’effet des intempéries - et celle d’une pratique créative populaire rendue obsolète par la numérisation du monde.

 

BIO : 

Né en 1959,  Antonio Jimenez Saiz est écrivain et photographe autodidacte. Son travail expérimental, mené au gré de ses déambulations à Bruxelles, touche à l’intime et à la matérialité de l’image.

Aurore Bagarry
Glaciers, 2012-2017, photographies argentiques à la chambre photographique

 

Les glaciers, de France et d’ailleurs, ont été largement photographiés par les opérateurs des Archives de la Planète. Ces clichés manifestent l’intérêt pour la géologie de Jean Brunhes, directeur scientifique du projet, mais aussi le goût d’Albert Kahn pour les images spectaculaires.
Munie de sa chambre photographique, instrument lourd et exigeant un temps de prise de vue long, elle fixe l’image de ces glaciers après la fonte des neiges, entre juin et septembre.

 

BIO :

Née en 1982, Aurore Bagarry est diplômée de l’Ecole des Gobelins et de l’Ecole Nationale de la Photographie d’Arles.

 

 

 

 

 

 

 

Maryam Firuzi
In the shadows of Silent Women, 2023-en cours

 

Tisserandes à Alger, « bonzesse » et novices à Hanoi, porteuses d’eau à Agra, paysannes suédoises en costume de fête : l’humanité « en pleine vie » des opérateurs des Archives de la Planète est très largement féminine. Les femmes y sont souvent représentées en groupe, comme des gardiennes des pratiques et savoir-faire traditionnels. La question du genre et celle de la tradition traversent aussi l’œuvre de l’artiste iranienne Maryam Firuzi pour In the shadows of Silent Women, elle ancre sa photographie, habituellement plus urbaine et conceptuelle, dans l’Iran rural, guidée par sa mère qui l’accompagne dans ce voyage. 

 

BIO :

Née en 1986, Maryam Firuzi vit et travaille à Téhéran. Elle développe un travail photographique introspectif et métaphorique inspiré par la peinture, la poésie perse et le cinéma, autour des thèmes du genre, de l’identité et de l’expression de soi dans la société iranienne contemporaine.

Nicolas Floc’h
Initium Maris, 2015-2021, photographie numérique

 

Côtes, ports, navires, vagues et rochers : la surface des mers et des océans est un leitmotiv des Archives de la Planète comme des pérégrinations d’Albert Kahn, infatigable voyageur transatlantique. Sondant un autre versant de ces Paysages productifs, titre de son travail au long cours dont fait partie la série présentée, Nicolas Floc’h dévoile quant à lui le commencement de la mer: Initium Maris. Il fait ainsi référence à l’étymologie latine de la région du Finistère : “Finis Terrae”, la fin de la terre, capturant des images inédites des forêts sous-marines bretonnes, photographiées entre 2 et 50 mètres de profondeur. À la fois cartographie et inventaire, le travail de Nicolas Floch rend visible des lieux aussi sublimes que fragiles, proches mais à la fois étrangers, dont on pressent la nécessité et l’urgence de les conserver.  

 

 BIO :

Né en 1970 à Rennes, Nicolas Floc’h y enseigne à l’EESAB en sa qualité de photographe. Il s’intéresse à la construction de l’image de paysage et au mythe de l’exploration.  

Nelly Monnier et Eric Tabuchi
Atlas des régions naturelles, 2017- en cours, photographie

 

En 1913, Jean Brunhes, directeur scientifique des Archives de la Planète, adresse une note aux opérateurs : ceux-ci doivent se concentrer, pour leurs prises de vues, sur les « palais, monuments laïques, religieux ou équivalents, cimetières (…), types de maisons, décorations intérieures et extérieures (…), etc. ». C’est à peu de choses près le programme de l’Atlas des Régions Naturelles, vaste inventaire photographique de la diversité des bâtis et paysages français entrepris en 2017 par le tandem Tabuchi-Monnier. 

 

BIO :

Né en 1959, Eric Tabuchi développe,après des études de sociologie, un travail photographique centré sur les typologies architecturales. Nelly Monnier, née en 1988 et diplômée des Beaux-Arts de Lyon aborde les signes distinctifs qui animent les milieux ruraux.

 

Bertrand Stofleth
Recoller la montagne, Atlantides et Hyperlendemains

 

Le thème de la géographie humaine traverse les Archives de la Planète et n’a eu de cesse de passionner le géographe Jean Brunhes, l’un des fondateurs de la discipline et le directeur scientifique du projet d’Albert Kahn. Comme un écho à ce vaste inventaire, le travail de Bertrand Stofleth scrute l’émergence de paysages contemporains, interrogeant leurs usages, leurs représentations mais aussi leurs conditions actuelles d’habitations. 

 

BIO :

Né en 1978 et diplômé de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2002, Bertrand Stofleth arpente et documente des lieux intermédiaires et des infrastructures de la modernité en France, sans négliger les populations qui les habitent. 

 

 

 

 

 

Sanna Kanisto
Observing eye, 2014-en cours, TECHNIQUE?

 

La philosophie d’Albert Kahn, qui concilie ses intérêts pour les sciences et la nature, a été l’un des fils rouges des Archives de la Planète. C’est grâce une sensibilité analogue pour des formes de dialogues pluridisciplinaires que Sanna Kanisto collabore avec des scientifiques pour photographier la faune et la flore mondiale au plus près de leur habitat naturel. Depuis 2014, l’artiste collectionneuse observe et documente les oiseaux d’Europe de façon méthodique dans sa série Observing eye à l’esthétique naturaliste. L’inventaire ornithologique de la finlandaise est autant guidé par la curiosité et la fascination pour les oiseaux que par l’envie de rendre visible le lien fugace et poétique qui se crée ; entre l’oiseau et l’appareil puis entre l’oiseau et le regardeur. 

 

BIO :  

Née en 1974 en Finlande, Sanna Kanisto a étudié la photographie à l’University of Art and Design d’Helsinki. Elle s’intéresse au désir humain du contrôle de la nature tout en cherchant à préserver par la photographie les choses telles qu’elles sont, dans leur « splendeur ».  

  

Yann Morvan
Champs de bataille, 2004-en cours, photographie à la chambre 

 

Dès les débuts de la Grande guerre, Albert Kahn envoie ses opérateurs documenter les dévastations causées par le conflit. Cet homme, animé par un idéal de paix universelle consacre ainsi une partie non négligeable des Archives de la Planète à représenter la guerre, ou plutôt, ses traces. Une obsession semblable anime Yan Morvan, reporter de guerre par excellence et photographe indépendant qui recense, depuis 2004, des lieux historiques de combats où les traces des affrontements humains ont été effacées par l’action du temps et où la nature a repris ses droits.  La série champs de batailles s’étend ainsi de l'Océanie à l'Amérique en passant par l’Asie et l’Europe. La sélection présentée, circonscrite aux guerres américaines, territoires non référencés dans les Archives de la Planète, raconte un autre récit outre-Atlantique. 

 

BIO :

Né en 1954 à Paris, photographe de presse depuis 1974, double détenteur du World Press Photo, Yan Morvan pratique un photojournalisme « de combat » sur tous les conflits mondiaux.