Des centres de documentation sociale
En 1920, Albert Kahn concrétise la notion de « documentation ».
Il en donne deux applications. D’une part, il constitue une société anonyme nommée Centre de documentation, qui rassemble en une seule structure les Archives de la Planète, le Cnesp et (plus tard en 1927) un laboratoire de biologie. D’autre part, il fonde un centre de documentation sociale à l’École normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm, doté d’un financement annuel de vingt mille francs.
Pour le mécène, il s’agit de combler un manque : la prise en compte des réalités économiques et sociales dans les ressources documentaires destinées aux chercheurs. Kahn est conscient que la société contemporaine n’est pas assez étudiée, notamment dans une perspective scientifique.
Le sociologue Célestin Bouglé dirige cette nouvelle structure ouverte aux élèves de l’ÉNS et aux étudiants de l’université de Paris, mais aussi aux travailleurs intéressés. Le matériau documentaire fourni est national et international.
Le projet initial de Kahn étant plus vaste, d’autres centres voient le jour : à l’ÉNS de jeunes filles (Sèvres) en 1927, dans des grandes écoles et universités de province. À la faculté de droit de Bordeaux, est créé en 1921 un Institut d’études et de documentation économiques et sociales. Cofinancé par Kahn, il a une fonction de recherche et d’enseignement et deviendra Sciences Po Bordeaux.