De l'hygiène sociale à la médecine préventive universitaire

En homme conscient des enjeux médicaux de son temps, Kahn connaît l’importance de la prévention pour la santé publique.

À la fin du XIXe siècle, la France se singularise en Europe par une baisse de la natalité. La lutte contre les « grands fléaux sociaux » – le trio alcoolisme, tuberculose, syphilis en tête – s’inscrit dès lors dans une perspective nataliste patriotique, que la saignée de 14-18 vient exacerber.

 

Cette hantise de la dépopulation est à l’origine d’une politique d’hygiène sociale positive (famille nombreuse, protection de l’enfant, combat contre les maladies…).

 

Les questions d’hygiène publique prédominent dans les séances du Cnesp à la fin des années 1920, en particulier à l’époque des lois de 1928 et 1930 instituant les assurances sociales : le retour de l’Alsace-Moselle à la France avait rendu ce point crucial, car ces régions avaient bénéficié durant l’annexion allemande du système de protection établi par Bismarck dès 1883.

 

En homme conscient des enjeux médicaux de son temps, Kahn connaît l’importance de la prévention pour la santé publique. L’idée de centres de médecine préventive est diffusée en France par le Dr Georges Schreiber, à son retour des États-Unis en 1922. Le médecin y a observé les centres de prévention du Life Extension Institute, appréciés des assurances sur la vie.

 

En 1929, le premier centre français de médecine préventive est créé à l’université de Strasbourg, grâce au financement d’Albert Kahn par le biais du Cnesp. La tuberculose est l’un des grands dangers que doit dépister ce service gratuit et non obligatoire.

 

À la fin de l’année, la question investit le champ politique avec la naissance du Parti social de la santé publique, fondé par le radical-socialiste Justin Godart. Le secrétaire général est le Dr Schreiber. Il s’agit d’inciter l’État à coordonner les œuvres privées en matière d’hygiène, de prévention et de prophylaxie.