Les photographes invités


Ursula Böhmer est née à Aix-la-Chapelle (Allemagne) en 1965, elle vit et travaille à Berlin. Elle interroge au travers du medium photographique notre compréhension humaine de la nature et notre position sur le vivant, le temps et l'espace.

Site d'Ursula Böhmer
 

Ouvrages 

Travelogue, Raum für Kunst, Aachen, 2014
All Ladies. Kühe in Europa, Kehrer, Heidelberg, 2012

« Je m'intéresse à la forme individuelle et à l'étude systématique de la physionomie, des structures et des surfaces du monde animal et végétal. [...] Mon approche photographique est exclusivement analogique ; sans supports numériques ni manipulation. » — Ursula Bohmer

All ladies : Cows in Europe
1998 – 2012

Dans cette série la photographe allemande Ursula Böhmer part à la rencontre de plus de 80 races de vaches européennes, dont certaines espèces sont menacées. Comme une étude typologique, ces portraits, à la fois majestueux et plein de tendresse mettent en valeur la silhouette et l'individualité de chaque animal dans leur environnement, sans jamais l’objectifier.

Dialogue avec les Archives de la Planète

Né en 1860, ainé d’une famille juive alsacienne de 6 enfants, Albert Kahn passe une enfance rurale et laborieuse à Marmoutier, petit bourg du Bas-Rhin. Lorsqu’il n’est pas à l’école, il s’occupe des vaches et accompagne son père, marchand de bestiaux, au marché de Saverne. Plus tard, une fois sa fortune faite à Paris dans la banque, son intérêt pour le commerce bovin restera intact, comme en témoignent les images de ses visites des abattoirs de Chicago et de Buenos Aires.


Né à Belém (Brésil) en 1956, Luiz Braga pratique la photographie depuis l’âge de 11 ans. Après ses débuts en noir et blanc, il se tourne vers la couleur dans les années 1980, fasciné par les tonalités vives des paysages d’Amazonie. Il est aujourd’hui une référence de la scène photographique brésilienne.

Site de Luiz Braga

 

Ouvrages
Fotografias, Ipsis Gráfica e Editora, 2014
Crônica fotográfica do universo mágico do Mercado Ver-o-Peso, Mordernsign Editora, 2008

«  [Luiz Braga documente la vie de la] population cabocla, descendante d’un métissage lointain entre des Européens et des Amérindiens, qui vit près de l’eau et pour laquelle les couleurs jouent un rôle central en tant que marqueurs identitaires. » — Cristianne Rodrigues

Ôde à la Couleur
1985 – 2023

Luiz Braga recherche cette même émotion dans ses images de villes et villages amazoniens capturées au crépuscule. Sa palette chromatique vibrante magnifie les habitants comme l'environnement urbain de leurs ports, de leurs marchés ou de leurs quartiers périphériques. Entre festivités, religions et scènes quotidiennes, il photographie depuis quarante ans les modes de vie des ribeirinhos, ces peuples de pêcheurs vivant sur les fleuves du Brésil, en s’éloignant des stéréotypes qui ont façonné les représentations occidentales de cette région.

 

Dialogue avec les Archives de la Planète

Albert Kahn découvre la puissance évocatrice des autochromes en mai 1909 lors d’une projection à Paris du photographe-voyageur Jules Gervais-Courtellemont. L’invention des frères Lumière, commercialisée deux ans plus tôt, est très vite adoptée par le banquier, qui y trouve un moyen de capter - pour la première fois - le réel en couleurs. Dès août 1909, lorsqu'il séjourne au Brésil pour un voyage d’affaires, il fait d'ailleurs réaliser les premières autochromes en couleurs du pays.


Née en 1964 à Brighton, Siân Davey est une photographe formée aux sciences politiques et sociales. Elle est aussi psychothérapeute. Elle explore par la photographie les « paysages psychologiques » de ses proches, sa famille et sa communauté étant au cœur de sa pratique.

Site de Siân Davey

 

Ouvrages

The Garden, Trolley books, 2024

Martha, Trolley books, 2018

Looking for Alice, Trolley books, 2015

« Au fil de son évolution, le jardin est devenu une expression de joie, d'interdépendance, de désir, de sexualité et de défi. Il est devenu une métaphore du cœur humain lui-même. Chacun a sa place dans notre jardin. Je suis le jardin. Ceux qui y entrent sont le jardin. Sans distinction, sans séparation. » — Siân Davey

The Garden 
2020 
2023

Alors que leur famille est en crise et que le monde est confiné, Siân Davey et son fils décident de faire du terrain abandonné derrière leur maison un jardin foisonnant. Ce lieu ouvert à tous voit défiler peu à peu familles, amis, voisins puis inconnus, venant se faire photographier et exprimer librement leurs vulnérabilités. La confiance tissée entre la photographe et les visiteurs dans cet Éden, autorise un lâcher-prise, où la nudité est permise et même célébrée.

Dialogue avec les Archives de la Planète

Plus d'un siècle auparavant, à partir de 1895 et durant près de 25 ans, Albert Kahn étend sa propriété boulonnaise parcelle après parcelle pour créer, avec l’aide de paysagistes et jardiniers, un jardin à l’image de ses idéaux. Lieu d’hospitalité, de rencontres, de réflexion et d’émerveillement, le jardin de Boulogne représente la paix, l’harmonie et la diversité des cultures, du village japonais à la forêt vosgienne.

 

 

Né en 1977 à Santos Dumont (dans l’état du Minas Gerais, au nord de Rio de Janeiro), Pedro David étudie le journalisme avant d’embrasser une carrière d’artiste photographe et plasticien. Ses séries photographiques capturent la transformation des paysages brésiliens liée à l’urbanisation et l’industrialisation.

Site de Pedro David

 

Ouvrages

Rota Raiz, Tempo d’Imagem, 2013

Fase Catarse, Edição do Autor, viabilizado com recursos do Fundo Municipal de Cultura de Belo Horizonte, 2014

« Pour accomplir ses miracles, [l'eucalyptus] exige un prix élevé : il épuise le sol en nutriments ainsi qu'en eau, assèche les sources voisines et fait complètement fuir la faune, qui ne supporte pas son odeur… Aucune autre espèce végétale ne peut se développer dans un champ d’eucalyptus. » — Pedro David

Suffocamento
2012
2017 

Pedro David documente les effets dévastateurs de la monoculture d‘eucalyptus dans la région du Cerrado. Ce biome, qui représente un quart de la surface du Brésil et abrite 5 % des espèces recensées sur la planète est l’un des plus menacés de la planète. L'eucalyptus est cultivé et exploité massivement par l'industrie sidérurgique pour sa croissance rapide, elle en fat du charbon et alimente ainsi ses usines. Dans ses images vertigineuses, le photographe immortalise les arbres d’espèces autochtones qui n’ont pas été abattus car protégés par la loi, étouffés peu à peu par cette forêt « artificielle ».

Dialogue avec les Archives de la Planète

Conquête végétale ou économie destructive ? Le géographe Jean Brunhes, directeur scientifique des Archives de la Planète est un partisan enthousiaste de l’agriculture intensive naissante du début du XXe siècle mais en déplore les dommages causés à la diversité végétale. Ainsi, au sein d’une même mission à Sfax (Tunisie) en 1931, coexistent des images de plantations standardisées, s’étendant à perte de vue, et des portraits d’arbres vénérables et singuliers, sujets à protéger.

 

Roberto Giangrande, né à Rome (Italie) en 1976, s’intéresse à l’architecture et aux formes urbaines, des plus embryonnaires aux plus complexes. Saisir ainsi « le corps des villes » est pour lui un moyen de comprendre et révéler les liens que tissent les habitants avec leur environnement.

Site de Roberto Giangrande

 

Ouvrages

Incompiuto, Edition Light motive / Emuse, 2024

« J’ai souvent constaté l’accoutumance du public à l’inachevé. Comme par une illusion d’optique, ces monstres étaient devenus invisibles : se camouflant dans le paysage, ils racontaient un pan de l’Italie d’après-guerre, comme autant de vestiges de l’ère moderne. » — Roberto Giangrande dans Incompiuto, Éditions Light Motiv / Emuse, 2024

Incompiuto 
2016
2019 

Dans Incompiuto, Roberto Giangrande dresseun inventaire brutaliste de constructions inachevées se déployant dans toute l’Italie. Aéroports, ponts, barrages, routes, écoles, piscines, installations sportives, ou hôpitaux, ce sont plus d’un millier d’infrastructures publiques qui ne seront jamais terminées pour des raisons souvent multiples comme l’absence d’autorisation, les aléas bureaucratiques, les budgets sous-évalués, la corruption…

Dialogue avec les Archives de la Planète

Dans la vaste entreprise de représentation du monde que sont les Archives de la Planète, les merveilles du patrimoine mondial et ses ruines glorieuses occupent une place importante. Pourtant avec le cinématographe, l'opérateur Camille Sauvageot s'attache aussi à capturer la modernité dans son effervescence quotidienne et son actualité. Il témoigne par exemple d'un Paris en chantier, en pleine transformation, comme par exemple avec les travaux de percée du boulevard Haussmann dont les effets structurent encore la ville aujourd'hui. 

 

Lauréat du Prix des Amis du Musée Albert-Kahn

 

Photographe documentaire, Claude Iverné, né en 1963 (Auxonne, France), explore le Soudan depuis bientôt 30 ans. Il prépare une thèse de doctorat sur l’histoire politique de la photographie au Soudan.

 

Il est le fondateur de El Nour (la lumière en arabe), bureau de documentation et maison d’édition qui collabore avec des photographes et des chercheurs soudanais et internationaux pour constituer de véritables archives modernes du pays et de ses évolutions, avec un corpus de plus de 30 000 images et de 600 publications, cartes et films inventoriés.

Site de la maison d’édition de l’artiste EL NOUR

 

Ouvrages

SudanPhotoGraphs, ALandTypoGraphy : Vol. 1 à 5 , El Nour, 2014-2024

César à l’Oeuvre, El Nour, 2018

Bilad es Sudan, Éditions Xavier BarraL, 2015

Henri, Albin Michel, octobre 2010

Pharaons noirs sur la piste des quarante jours,  Musée royal de Mariemont, 2007

« Ahhh… Opérateur pour Albert Kahn. Boursier pensais-je de Voyage Autour du Monde, débarrassé de contingences matérielles, porté par une vision commune, j’eus pu fouler d’autres sols, comme je l’aime, un pas devant l’autre, bras ouverts au-devant. Engager mon corps à comprendre et rapporter pour partager à qui veut. Il était bien sûr trop tard. Une telle vision de nos jours eut été balayée, mais la vision demeura. »  Claude Iverné

Soudan 
1998
– 2024

Claude Iverné produit depuis bientôt 30 ans une œuvre centrée sur le Soudan, État d’Afrique du Nord-Est situé entre l’Égypte et l’Éthiopie. Ses photographies essentiellement en noir et blanc documente aussi bien les constructions millénaires que contemporaines, les paysages désertiques et ceux qui les peuplent. La répétition des sujets et des vues témoigne de sa quête d’exhaustivité et de compréhension de ce territoire si vaste et complexe.

Dialogue avec les Archives de la Planète

Sous la direction scientifique du géographe Jean Brunhes de 1912 à 1930, les opérateurs des Archives de la Planète se conforment - et parfois résistent - à une méthodologie de captation qui définit les sujets et les types de prises de vue à privilégier dans cette démarche analytique et comparatiste.

 


Né en 1943, Peter Mitchell était dessinateur cartographe au ministère des Collectivités locales et du logement à Whitehall avant de se lancer dans une carrière artistique. Il se fait connaître dans les années 70 par la documentation quotidienne qu’il fait de la ville de Leeds où il vit et travaille toujours. Il parvient dans ses photographies à capter de façon poétique l’évolution des espaces urbains, les structures en déclin et les transformations sociales qui l’accompagnent.

Site de Peter Mitchell Strangely Familiar

 

Ouvrages

Now you see me, soon you won’t, RRB Photobooks, 2025
Nothing Lasts Forever, RRB Photobooks, 2024
Some Thing means Everything to Somebody, RRB Photobooks, 2015

« Ces épouvantails [...] proviennent essentiellement du Yorkshire. Ils pourraient être [...]« la nuée d'auditeurs fantômes se pressant dans l'air éclairé par la lune, à l'écoute du monde des hommes », des agriculteurs venant de tribus différentes, ou n'importe qui d'autre. Mais pour moi, ce sont des amis. » —  Peter Mitchell

Scarecrows 
1974 
– 2015

Dans cet inventaire décalé de portraits d’épouvantails, Peter Mitchell nous raconte la vie de ces mannequins solitaires qui gardent les champs des campagnes anglaises. Voués à disparaître, l’usage de pesticides et intrants chimiques ayant remplacé leur fonction de repoussoir d’oiseaux, ils portent en eux le souvenir de traditions populaires ancestrales qui touchent au folklore et au costume. Même vêtu de haillons, l’épouvantail donne des indications aussi bien géographiques qu’historique sur son contexte d’implantation

 

Dialogue avec les Archives de la Planète

Encouragés par Jean Brunhes, géographe et directeur scientifique des Archives de la Planète, les opérateurs envoyés de 1911 à 1931 à travers le monde ont eu à cœur d’enregistrer la grande diversité de pratiques agricoles de l’époque.

 

 

Artiste franco-canadien né en 1979, Thomas Paquet développe un travail expérimental basé sur les caractéristiques fondamentales de la photographie : le temps, l’espace, la lumière, avec la mise au point de nouveaux dispositifs optiques, physiques ou chimiques pour chaque nouveau projet.

Site de Thomas Paquet

 

Ouvrages

L'ombre des heures, 2024
Horizons, 2019

« J’approche la photographie de manière directe, pratique, partant d’abord de la matière et du geste dans un acte de résistance à la banalisation du numérique : les procédés historiques sont au cœur de mon processus de création. » — Thomas Paquet

La Postérité du Soleil 
2017
En cours 

Thomas Paquet capture la trajectoire du soleil sur une image unique en combinant empreinte de la lumière du soleil et compression du temps. Depuis le début de cette série en 2018, il photographie le ciel de Paris tous les jours, par temps clair, et depuis la même fenêtre, durant 6h à la chambre photographique.

La danse du soleil se fixe ainsi sur l’émulsion photosensible au fil des saisons, la variation des tracés reflétant les positions respectives de la terre et de son étoile :  à l’équinoxe, la ligne est droite, lorsque le ciel est couvert, la ligne est interrompue. Il faudra au moins 8 ans à l’artiste pour constituer un corpus total de 365 images, une pour chaque jour de l’année.

 

 

Dialogue avec les Archives de la Planète

 Le 8 avril 1921, à Paris, l’opérateur Camille Sauvageot filme une éclipse de soleil aux côtés d’une foule de badauds qui observent le phénomène à travers des plaques de verre fumé. Posté place de l’Opéra, il alterne des plans sur les curieux et des plans plus ambitieux qui montrent la courbe que dessine l’astre solaire dans le ciel lors de cet évènement rare et fort en symbolique.


Lauréate des Amis du Musée Albert-Kahn

 

Aurélie Scouarnec (née en 1990 à Argenteuil) est une photographe autodidacte. Son travail nous invite à entrer dans l’intimité d’univers souvent méconnus au travers des gestes, matériaux et relations qui les composent.

Site d’Aurelie Scouarnec

 

Ouvrage

Revêtir | Gwiskañ, éditions Rue du Bouquet, 2024

« [...] D’une série à l’autre, qui sont autant quêtes des marges et de l’invisible qu’épopées intimes, Aurélie Scouarnec déploie des mondes atemporels et sensoriels qui envoûtent et nous immergent intensément. Des mondes qui dessinent des contours plutôt qu’ils ne bâtissent un centre, qui suggèrent plus qu’ils ne disent, qui font la part belle au mystère, au païen. » Eric Bouttier, février 2023

Gwiskañ / Revêtir 
2022
2024

Un siècle plus tard, depuis les coulisses de championnats de danse celtique ou de festivités organisés par la confédération Kenleur, Aurélie Scouarnec dresse un inventaire photographique des costumes traditionnels féminins. Détaillant avec une grande attention les parures et celles qui les font vivre dans des images en clair-obscur, elle immortalise les liens intimes qui s’activent entre les étoffes et les corps, entre des générations de femmes qui s’entraident et se transmettent les gestes et savoir-faire traditionnels.

Ce travail de recensement témoigne aussi des variations de ces pratiques qui se déclinent au gré des communautés de la péninsule bretonne.

Dialogue avec les Archives de la Planète

Entre 1920 et 1929, la Bretagne fait l'objet de plusieurs missions des Archives de la Planète. Trois opérateurs sont envoyés dans le Finistère, les Côtes d'Armor, le Morbihan et la Loire Atlantique afin de documenter la région d’un point de vue géographique et ethnographique. Parmi le millier d’images rapportées, de nombreuses autochromes mais aussi des films témoignent des costumes, des pratiques religieuses et des fêtes locales.


Formée à la photographie à l’ENSP d’Arles Rebecca Topakian (1989, Saint-Mandé, France) s’intéresse depuis ses études de géographie et philosophie à la notion d’identité, qui traverse son travail dans ses dimensions aussi bien invisibles, mythologiques que fictionnelles.

Site de Rebecca Topakian

 

Ouvrages

Dame Gulizar and other love stories, Blow Up Press, 2024
Rouge Insecte, Sometimes Éditions, 2022
Infra-, Classe Moyenne Editions, 2017

 

«  Si le territoire humain est fondé sur les frontières et la propriété, la nature ne s'intéresse pas à ces conceptions humaines. Ne pourrions-nous pas apprendre en regardant le ciel et les oiseaux ? » — Rebecca Topakian

(n=6–9) 
2021 

Les perruches à collier photographiées par Rebecca Topakian convoquent un imaginaire inverse. Importés en France au milieu du XXe siècle pour leur aspect décoratif et exotique, ces oiseaux colorés se sont échappés de l'aéroport d'Orly en 1974 et bien acclimatées à la métropole. Elles sont souventperçues à tort comme une menace pour l’écosystème francilien, comme en témoignent les extraits d’échanges en ligne que l’artiste appose à ses images. Leur couleur vive, due à la psittacofulvine, enzyme dont la structure (n=6–9) donne son nom à la série.

Dialogue avec les Archives de la Planète

Hasard ou intention, les rares oiseaux présents dans les archives de la Planète évoquent le terroir : des moineaux parigots de Montmartre aux pigeons messagers, improbables héros de Verdun, en passant par les nids de cigognes de l’Alsace natale d’Albert Kahn, ils sont des symboles patriotiques.