Quand l’image devient source : regards croisés autour de l’exposition Rio – Buenos Aires 1909 / Modernités sud-américaines

Table ronde le 10 octobre de 14h à 17h à l'auditorium du musée

La table ronde réunira, autour des commissaires de l’exposition, des chercheurs, responsables de collections, conservateurs-restaurateurs, documentalistes et débattra de conditions d’usage de la photographie comme source pour l’histoire, des méthodologies à mettre en place et des enseignements que le collectif a pu tirer de ce fonds.

Constituées entre 1909 et 1932 et conservées par le musée départemental Albert-Kahn, les Archives de la Planète, sont nées de l’initiative d’Albert Kahn (1860-1940), banquier philanthrope et pacifiste. Soucieux de garder une trace pour l’avenir d’un monde en profonde mutation, intéressé par les questions politiques et sociales, et militant pour le rapprochement entre les peuples, il tire parti de l’apparition de nouveaux modes d’enregistrement mécaniques – l’autochrome (1907) et le film (1895) – pour constituer cette vaste entreprise de production d’archives visuelles. À partir de 1912, sous la direction scientifique du géographe Jean Brunhes (1869-1930), une douzaine d’opérateurs parcourent près de cinquante pays et produisent 72 000 autochromes et plus d’une centaine d’heures de films.

 

Pour Albert Kahn, la période qui précède le démarrage officiel des Archives de la Planète est un temps d’expérimentation de l’image. Entre 1908 et 1909, lors des voyages que le banquier d’affaire accomplit en Europe, en Asie ou encore en Amérique du Sud, des praticiens réalisent pour son compte de nombreuses photographies stéréoscopiques monochromes, des autochromes ainsi que des films. Les images réalisées en lors de son voyage en Amérique du Sud sont longtemps restées peu connues. Constitué de 600 photographies stéréoscopiquesmonochromes, 61 plaques autochromes et 3 minutes de film, cet ensemble est présenté dans l’exposition Rio – Buenos Aires 1909 / Modernités sud-américaines du 27 juin au 31 décembre 2023.

 

Sous le regard d’Albert Kahn et de son photographe se dessine le portrait d’un continent et de villes en pleine mutation où l’Europe apparaît comme une référence incontournable. Cet ensemble d’images réalisé de Porto jusqu’à la baie de Rio de Janeiro, en passant par Buenos Aires, Rosario, São Paulo, avant de se terminer à Lisbonne, sont le point de vue d’un banquier occidental qui fait photographier et filmer son périple. Images souvenir ? Projet documentaire en devenir ? Cet ensemble de photographies enrichit notre connaissance du continent au début du XXe siècle et des relations qui se tissent entre Europe et Amérique. Si Albert Kahn milite très tôt pour que les Archives de la Planète deviennent des documents pour l’Histoire, comment faire l’Histoire par la photographie quand les images sont muettes, pour reprendre les mots de Jorge Semprun ? Fonds partiellement ou mal légendé, sans photographe identifié et sans archives, le fonds du voyage en Amérique du Sud était une matière brute, inexploitable sans l’apport de la recherche.

 

 

Le programme

Première partie : Faire archive

Fonds demeuré non étudié au sein des collections du musée départemental Albert-Kahn, l’ensemble de photographies et de films issus du voyage en Amérique du Sud constituait une matière première brute. Dès lors, comment transformer ce fonds en objet historique ? Quelles stratégies mettre en place pour redonner à cet ensemble sa place dans les collections et dans l’histoire de la photographie en Amérique du Sud ?

 

La prise en compte de ces images comme source implique de les soumettre à une nécessaire critique. Cette première table ronde interrogera la méthodologie et les ressources à mettre en œuvre pour transformer un fonds d’image orphelin en objet historique. Elle rappellera l’importance du décloisonnement des approches, du croisement des sources mais aussi du recours à la matérialité ainsi qu’aux hypothèses et intuitions.

Deuxième partie : Ce que les images apportent à la connaissance des sociétés d’Amérique du sud

En 1909, lorsqu’Albert Kahn entreprend son voyage en Amérique du sud, c’est d’abord vers des villes-ports devenues des plaques tournantes de l’économie mondiale qu’il se dirige. Les villes de ces pays neufs attirent tout autant des investisseurs (comme Albert Kahn) que des immigrants, pour l’essentiel en provenance d’Europe.

C’est dans ces villes en plein bouleversement économique et culturel que le ou les opérateurs d’Albert Kahn capturent des images pour l’essentiel inédites. Les historien.n.e.s, en replaçant ce reportage dans une histoire des représentations de l’Amérique du Sud, dresseront un état des lieux des enseignement et perspectives de recherche nés de son analyse.

 

 

Les intervenants

Table ronde animée par :

Laurent Vidal, historien et enseignant-chercheur à La Rochelle Université(CRHIA), spécialiste de l’Histoire du Brésil et plus précisément l’Histoire des villes au Brésil ; Président du Centre Intermondes/ethnopôle Humanités océanes – commissaire de l’exposition Rio de Janeiro en couleurs et en relief. À travers les photos du voyage en Amérique du sud d’Albert Kahn – 1909 (musée du Nouveau Monde, La Rochelle, octobre 2022 - avril 2023)

 

Anthony Petiteau, responsable des collections, chef de l’unité conservation, documentation, recherche au musée départemental Albert-Kahn

 

Participants :

Delphine Allannic, chargée de documentation scientifique au musée départemental Albert-Kahn, commissaire de l’exposition Rio – Buenos Aires 1909 / Modernités sud-américaines

 

Mathieu Corp, maître de conférences à Aix-Marseille Université au sein du Département d'Études Hispaniques et Latino-américaines

 

Serge Fouchard, chargé de documentation scientifique au musée départemental Albert-Kahn

 

Jérôme Monnier, conservateur-restaurateur du Patrimoine (sous réserve)

 

Aline Muller, chargée de collections au musée départemental Albert-Kahn

 

Clément Poché, chargé d’expositions au musée départemental Albert-Kahn, commissaire de l’exposition Rio – Buenos Aires 1909 / Modernités sud-américaines

 

Pauline Raquillet-Ambrogi, historienne et chercheure associée au Laboratoire MASCIPO-UMR 8168 de l'École des hautes études en sciences sociales