La restauration des collections
Dans le cadre de l’ouverture du nouveau parcours permanent du musée, trois chantiers de restauration sont en cours. Ces chantiers vont permettre de nettoyer les œuvres présentées mais aussi de stabiliser leur état pour en assurer la bonne conservation.
La restauration du "caméléon" (lanterne de projection)
Deux salles de projection étaient installées dans les jardins de Boulogne du temps d’Albert Kahn ; une dédiée à la projection de l’autochrome, l’autre pour le film. Aujourd’hui, plusieurs lanternes de projection figurent dans les collections du musée. L’appareil de projection dit « caméléon » est développé en 1922 par les constructeurs Radiguet et Massiot. Ce projecteur faisait partie des collections avant 1939, date à laquelle est inventorié le matériel lors de la prise en charge du site par le département de la Seine. Cet appareil de projection, en superposant deux semblables, permet de réaliser des « vues fondantes », c’est-à-dire en fondu enchaîné.
Pour sa présentation au public, le caméléon, bien qu’en très bon état structurel, présente un nouveau défi en termes de restauration. Dans son corps, est encore présent un élément amianté qui servait à l’époque d’isolant thermique. Ce constat s’applique d’ailleurs pour d’autres pièces des collections, ce qui représente un risque, tant pour les équipes du musée amenées à manipuler l’objet que pour le public une fois l’objet exposé. Pour ce chantier complexe, le musée a été accompagné par le Centre de recherche et de restauration des Musée de France (C2RMF) qui a pu lui fournir une feuille de route. Pour cette opération, la constitution d’un binôme réunissant une entreprise certifiée pour le traitement de l’amiante ainsi qu’un restaurateur du patrimoine, habilité Musée de France était indispensable. Un aller-voir a été organisé en avril 2021 réunissant trois sociétés de désamiantage et deux restauratrices du patrimoine spécialisées dans le traitement du métal. Deux options de traitement de la lanterne de projection ont été proposées :
- Retrait total de l’amiante, entraînant la destruction de cet élément constitutif de l’objet.
- Isolation de l’élément amianté par application d’une résine et/ou obstruction/isolation des parties de l’objet donnant accès à l’amiante.
L’option retenue par le musée a été celle du retrait total de l’amiante et ce pour plusieurs raisons. Il n’est plus question à l’heure actuelle de remettre en fonctionnement la lanterne de projection, l’amiante ne remplira donc plus son rôle d’isolant thermique. Bien que présenté sous vitrine hermétique, le caméléon amianté pourrait être vecteur de risques pour le public ainsi que pour les équipes chargées de sa manipulation, ou encore les institutions qui emprunteraient à l’avenir cet objet. Une telle décision, validée par la commission scientifique régionale, si elle contrevient au principe de réversibilité établi par le Code de déontologie de la restauration permet néanmoins de mettre en sécurité le public et les équipes du musée tout en conservant la lisibilité technique et esthétique de l’objet exposé.